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EstFaTum - Ainsi va l'avis

24 novembre 2012

Le Mot du Jour : Témoin Assisté

Les puristes me diront qu'il ne s'agit pas d'un mot mais d'une expression. Les puristes n'ont qu'à pas consulter ce blog s'ils veulent lire du Zola.

Il n'aura échappé à personne que dans l'affaire Bettencourt l'ancien président Nicolas Sarkozy a été placé sous le statut de Témoin Assisté par le juge Gentil. La presse a salué une bonne nouvelle pour le chef d'Etat sortant. Si gentil que ça, le juge Gentil? Pas si sûr. Tous les termes ont leur sens.

D'abord "Témoin". Un témoin, c'est un observateur. Une personne qui était là sans être dans le coup. C'est la feuille de papier qui sépare le coupable de la victime. Mais ce n'est ni le coupable ni la victime. Si pour être coupable ou pour être victime il faut des circonstances particulières, un contexte, n'importe qui peut s'improviser témoin. A vrai dire nous sommes tous des témoins du quotidien. Donc un témoin, c'est personne et tout le monde, c'est n'importe qui.

Ensuite "Assisté". Etre assisté, c'est bénéficier d'une aide, quand on ne parvient pas à assurer son indépendance, quel qu'en soit le domaine.

Maintenant, imaginez-vous la tête de l'ancien locataire de l'Elysée lorsqu'on lui a annoncé qu'il était témoin assisté. Devenir monsieur tout-le-monde et vivre de l'assistanat. Lui le chantre de la réussite personnelle et de la responsabilité individuelle. Lui qui s'est battu pour vivre chaque jour dans les médias, et qui a voulu remettre la France au travail.

Le voilà devenu un anonyme. Un Chirac. L'origine-même de sa politique de rupture. Et pourtant, même ce Chirac était parvenu à être mis en examen dans l'affaire des emplois fictifs.

Il n'empêche que n'ayant jamais brillé durant sa période scolaire et voulant supprimer le systèmes des concours, il n'est pas certain non plus que Sarkozy réclame finalement à être mis en examen...

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24 novembre 2012

UMP : et pourquoi pas un Triumvirat?

U.M.P. Trois lettres qui ont pris des sens différents depuis sa création. Union pour la Majorité Présidentielle. Union pour un Mouvement Populaire. Et désormais Urnes Mauvaises Perdantes.

Résultat : deux hommes que rien ne semble pouvoir réunir, et au milieu d'eux le fondateur du mouvement revenu mettre de l'ordre au sein de sa progéniture politique.

Etudions les possibilités d'avenir pour ce mouvement :

1) Copé président : Fillon et sa bande claquent la porte de l'UMP, créent un groupe parlementaire sécessionniste et adieu aux cotisations pour le parti. Dur en cette période de crise.

2) Fillon président : Copé va lui mener la vie très très dure avec un parti tiraillé en deux. Et on pourrait facilement revivre un Chirac/Balladur 1995, en bien pire.

3) Juppé président : Si l'idée a dû lui effleurer l'esprit, l'aura national qu'il a pu avoir par le passé fait justement partie du passé. Décidé à se consacrer à sa ville de Bordeaux, le poste ne lui sied guère. D'autant que les deux jeunes loups verraient au final par sa position dominante un obstacle pour embarquer le parti derrière eux en 2017.

4) De nouvelles élections? Le plus triste est qu'à part eux : il n'y a strictement personne. Et même si la seconde élection se passait correctement, elle n'effacerait jamais le fiasco de la première.

5) Copé-Fillon co-présidents : les conséquences de cette élection ne seraient qu'une douce harmonie à côté d'une co-présidence Copé-Fillon, ce qui amènerait l'UMP à une crise politique majeure, voire à une scission.

6) Et pourquoi pas... un triumvirat? Résumons :

- Copé seul : impossible

- Fillon seul : impossible

- Copé/Fillon ensemble : impossible

- Juppé : UMP sans ambition pour 2017. Impossible.

- d'autres que Copé ou Fillon : impossible

Alors pourquoi ne pas penser à une présidence à trois têtes Juppé/Copé/Fillon? Aucun d'entre eux ne serait seul pour gouverner, pas de risques de scission de l'UMP. Une implication de Juppé limitée au niveau nationale. Et pas d'UMP tiraillée à 50/50 grâce au "sage" Juppé qui jouerait le rôle de l'avis impartial.

Cette structure permettrait également aux esprits de s'apaiser en vue de l'échéance de 2017.

Et on pourrait enfin parler d'autre chose...

14 novembre 2011

Le Mot du Jour : Babar

Aujourd’hui les gros mots ne suffisent plus, il faut des mots lourds de sens. Et quoi de plus pesant qu’un sympathique pachyderme, me direz-vous. Car oui, l’époque est telle qu’on peut attaquer quelqu’un en le qualifiant de Babar.

Mais les caïds des bacs à sable politiques feraient bien de revoir leurs classiques pour plusieurs raisons. Hollande a été qualifié de Babar comme symbolique de sa personnalité. Mais Babar, ce n’est pas un simple conte niais, rond et inoffensif. Babar, c’est beaucoup plus subversif que ça.

1) Babar, c’est d’abord une tragédie. Jeune éléphanteau, il assiste au meurtre de sa mère par un chasseur. C’est qu’il lui en a fallu des tripes dans la trompe. « Show must go on » comme éthique de vie.

2) Babar, c’est le symbole de la réussite. Livré à lui-même, il poursuit son éducation, et fort de ce savoir, il s’affranchit de sa condition de pupille de la nation.

3) Babar, c’est un putschiste. Lorsqu’il revient au Royaume des éléphants, il profite de la maladie du monarque en place pour occuper le trône. Précisons qu’aucune enquête officielle n’a jamais été menée pour connaître ses liens avec cet empoisonnement soudain.

4) Babar pratique l’inceste. Il épouse sa cousine Céleste, à qui il donne 4 enfants : Pom, Flore, Alexandre et Isabelle.

5) Babar est mitterandien. Après avoir présenté un programme de gauche militant derrière le slogan « Un toît pour tous », il arbore fièrement un costume vert du plus bel effet pour s’assurer le vote écolo.

Si François Hollande est Babar, alors les ténors de l’actuelle majorité ont visiblement du souci à se faire. Au même titre qu’on ne parle jamais de rigueur, il ne faudrait pas permettre ce genre d’allégories. Mais on ne va pas empêcher Rantanplan d’aboyer.

5 novembre 2011

Au Suivant

Rentrer chez soi les yeux dans le vague à chercher vainement l’interrupteur. Merci le changement d’heure. Et se surprendre à rendre hommage aux malvoyants obligés de développer leurs autres sens. Le toucher par exemple. Bien utile pour se gravir jusqu’au Graal électrique. Et la lumière fut.

Un grondement sourd. Le tonnerre fait rage dans l’estomac. L’heure des biscuits petit-déjeuner à grignoter à 18h30. Horreur : la boîte est vide. Se repasser tout le film depuis le voyage en voiture, l’ouverture de la porte, la fermeture de la porte, le manteau sur le porte-manteau, les chaussures sur le porte-chaussures, et le bonhomme sur le canapé. Et se dire qu’on est bon pour un bon rembobinage.

Me revoilà donc, à 18h55 déambulant dans les allées blafardes d’un centre commercial détestable dont je tairais l’existence, de peur que les clients maussades qui croisent mes œillades n’aient conscience de leur retard dans l’échelle de la civilisation.

Et puis dans la pénombre, une lueur. Un nouveau Graal. La caisse n°22 n’est occupée que par Mamie Nova, visiblement habituée et habitée par l’endroit. Cérémonial implacable, Mamie et moi disposons nos emplettes sur le tapis noir. Et puis, Mémé a ce geste si fort, si reconnaissable parmi mille. Elle dépose le barreau « CLIENT SUIVANT » entre nos deux tas. Et je me fends d’un « Merci. »

Dialogue intérieur :

-          Quoi ?!!!! Mais enfin EstFaTum, qu’est-ce qui te prend de dire merci.

-          Bah j’sais pas, t’as vu, c’est cool quoi. C’est sympa. C’est une marque de respect.

-          De respect de quoi ? Mamie ne veut pas payer tes quinze boîtes de biscuit petit-déj, voilà tout.

Ouragan intérieur. Elle peut toujours rêver pour que je lui dise au revoir à la vieille pingre, non mais.

Drôle d’époque, on crie à la solidarité, au partage. Et d’un autre côté, on rend hommage aux petits gestes qui nous individualisent un peu plus chaque jour. Elle a vraiment besoin de ça la caissière pour savoir que c’est pas moi qui achète de la laine et des aiguilles à tricoter ? Et puis je vois mal la Nova se baffrer de mes biscuits petit déj’, donc.

On réduit la communication, le partage, le bien commun à peau  de chagrin, alors qu’on s’enrichirait tellement à échanger, à discuter, à se rencontrer. Tes ennuis seraient les miens, les miens les tiens. Et tout serait tellement mieux. Amen.

En retournant à la voiture, un vieil homme m’interpelle :

« Hey, mon gars, t’as pas une petite pièce s’il-te-plaît »

Après un hochement de la tête de gauche à droite et avoir fait mime de chercher dans mes poches, je passe mon chemin. Bien sûr que j’ai des pièces, mais bon voilà quoi. En quelque sorte, il a voulu me faire passer à la caisse et j’ai sorti mon barreau « CLIENT SUIVANT ». Et le pire, c’est qu’il ne m’a même pas dit « merci ».

15 octobre 2011

Tuer le Père : Western social

Amelie-Nothomb-Tuer-le-pere-2-110226_LCouverture écarlate. Titre vindicatif. Trois mots plus cinglants que n'importe quel bandeau publicitaire.

Dès les premières pages, l'univers est placé. L'auteure belge nous emmène dans un décor digne du plus grand Sergio Leone. Désert, silence, drames. Et le vide des étendues sablées renvoie la question de l'identité. L'humain face à lui-même, dans ce face-à-face permanent avec ses origines.

Joe Whip, apprenti magicien, ne déroge en rien à la règle. Gamin solitaire, renié par sa mère. Ses liens familiaux volent en éclat comme ce Burning Man, festival éphémère planté là comme un fil rouge annuel et qui confirme que ces lieux lunaires sont néanmoins soumis au temps.

Une seule optique, un seul objectif : la magie. Comme un exutoire face à la violence du quotidien. Plus la réalité frappe, et plus il la fuit. Le gamin est doué, mais il lui faut apprendre. Aussi doit-il rencontrer Norman Terence, le plus grand. Et Christina.

Un récit bien mené comme sait bien les monter Nothomb, résonne comme une mélodie d'Ennio Morricone version malsaine. Tension allant crescendo jusqu'au dénouement. Une fois de plus, la nature humaine en prend pour son grade. Bien fait.

 

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